• Si tu prenais le temps camarade de rencontre
    De me regarder dans la peau,
    Au cœur de ma solitude.
    Là où s'inscrivent les mémoires de l'amour, de la guerre et du froid,
    Sur mon enveloppe d'homme fragile comme de la soie
    Tu verrais alors les mêmes angoisses que toi
    Avec des arcs-en-ciel et des p'tites amours en poubelles
    Tu verrais des ailes de géant brûlées par l'air du temps.

    Regarde-moi.

    Tu verrais le mal et l'égoïsme quand tu aimes une femme
    Et que tu veux la garder pour toi, pour ton sexe et ton cerveau,
    Et puis la guerre que je fais à ma jalousie
    Ce cancer de l'amour qui te bouffe la tendresse,
    Toute la tendresse.

    Regarde-moi dans la peau et fais pas gaffe si je tremble,
    C'est pas l'alcool
    Ni l'herbe de Colombie
    C'est juste la peur,
    La peur de tous ces mecs qui t'écoutent
    Qui te fichent
    Qui te traquent
    Et t'oses plus dire je t'aime à une fille que t'as rencontrée
    Un soir à Saint-Germain
    Quand tu sais qu'elle aussi,
    Elle a peut-être des micros au bout des seins.

    Regarde-moi.

    Regarde, regarde camarade de rencontre
    Tu vois, c'est ma façon de te dire que je t'aime,
    Et qu'il faut qu'on se dise des mots
    Des regards et des caresses
    Pour ne pas repartir chacun dans son métro
    Avec des torrents de paroles qui te restent au travers du cœur
    Et de la gorge.
    Regarde
    Je suis transparent,
    Je peux tout voir
    Tout savoir
    Je me fous des secrets.

    Regarde-moi.


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  • Tu as peur des gens qui passent
    Dans ta vie ou sur le trottoir d'en face
    Tu as besoin qu'ils te regardent
    Et pourtant tu restes là sur tes gardes

    Raconte-toi

    Tu écris aux visages que tu as vus
    En quadrichromie, à la une des revues
    Tu leur dis je te regarde est-ce que tu me vois
    Dans le brouillard de ma ville où j'ai si froid

    Raconte-toi

    Envoie toutes sortes de messages
    Aux inconnus et lucioles de passage
    Prends le parti du risque de l'erreur
    Le silence est toujours complice ou trompeur

    Raconte-toi

    Prends des feuilles 21 x 27, un stylo
    Une caméra super 8, un magnéto
    Regarde à l'intérieur de tes rêves et dans les journaux
    Toute la folie du monde est dans ton cerveau

    Raconte-toi

     

    Yves SIMON


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  • - Je n'ai rien fait de mal, je n'ai aucune mauvaise attention, je suis innocent !
    - La moitié du mal en ce monde s'accomplit sans que les honnêtes gens interviennent : ils ne font rien de mal. Il ne suffit pas de s'abstenir de faire le mal, Trell. On doit s'efforcer de faire le bien, même quend on ne croit pas au succès.
    - Même quand c'est stupide ? répliqua-t-il, sarcastique.
    - Surtout dans ce cas-là, répondit-elle doucement. C'est comme ça, Trell. On se brise le coeur contre ce monde impitoyable. On se jette à corps perdu du côté du bien sans demander le prix à payer. C'est comme ça qu'on y arrive.
    - Qu'on arrive à quoi ? lança-t-il en colère pour de bon, à présent. à se faire tuer ? Pour le plaisir d'être un héros ? 
    - Peut-être, concéda-t-elle. Peut-être, en effet. Mais alors on se rachète pour de bon. En devenant un héros. Elle inclina la tête et le jaugea du regard. "Ne me dîtes pas que vous n'avez jamais eu envie de devenir un héros.
    - Non, je n'ai jamais voulu devenir un héros", fit-il sur un ton de défi [...] "Je n'ai jamais voulu qu'une seule chose : vivre ma vie. Et sacrénom ! On ne peut pas dire que je me débrouille très bien." 
    Elle rit tout bas. " C'est seulement parce que vous vous en écartez. Que vous lui tournez le dos. Et que vous l'évitez, ajouta-t-elle en secouant la tête. Trell, Trell. Ouvrez les yeux. Ce terrible gâchis, c'est votre vie. Inutile d'attendre qu'elle s'améliore. Arrêtez de tergiverser et vivez-la." Elle se remit à rire. Sa voix, son regard semblaient venir de loin. "Tout le monde croit que le courage, c'est affronter la mort sans flancher. Mais tout le monde, ou presque, est capable de cela. Tout le monde, ou presque, est capable de se retenir de crier, le temps de mourir. Le vrai courage, c'est affronter la vie sans flancher. Je ne parle pas des moments ou le chemin du bien est rude mais aboutit à la gloire. Je parle de l'ennui, des complications, des inconvénients qu'il y a à faire le bien. [...]"
    - Arrêtez de penser que vous êtes un fils déshérité. Vous n'êtes pas ce qu'il espérait, ça ne veut pas dire que vous n'êtes rien. Ni que vous êtes parfait. Arrêtez de vous servir de vos erreurs comme prétexte pour échouer complètement."

    Dialogue entre Ambre et Trell Brashen

    Prisons d'eau et de bois

    Robin Hobb

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  • Alors Almitra prit la parole, en disant :

    Nous voudrions interroger sur la Mort.
    Et il dit :
    Vous voudriez connaître le secret de la mort.
    Mais comment le découvrirez-vous au coeur même de la vie ?
    La chouette dont les yeux de nuit sont aveugles le jour ne peut dévoiler le mystère de la lumière.
    Si vous désirez vraiment apercevoir l'esprit de la mort, ouvrez grand votre coeur au corps de la vie.
    Car la vie et la mort sont un, de même que la rivière et l'océan sont un.

    Dans l'intimité de vos espoirs et de vos désirs existe la silencieuse connaissance qui est au-delà.

    Et tels des grains qui rêvent sous la neige, votre coeur rêve au printemps.
    Croyez aux rêves car en eux se cachent la porte de l'éternité.

    Votre peur de la mort n'est que le frisson du berger qui se tient devant le roi dont la main va lui donner une accolade honorifique.
    Le berger n'est-il pas heureux de l'honneur qui lui est fait et ce malgré son frissonnement ?
    Et n'est il pas encore plus conscient de sa fièvre ?

    Car qu'est-ce que mourir sinon se tenir dans le vent et se fondre dans le soleil ?
    Et qu'est-ce que le fait de cesser de respirer sinon un acte qui libère la respiration du flux et reflux incessants, afin que le souffle puisse s'élever et émaner en une quête, sans entrave, vers Dieu ?

    Quand vous boirez à la rivière du silance, alors seulement pourrez-vous chanter.

    Et lorsque vous parviendrez au sommet de la montagne, alors vous commencerez à grimper.

    Et quand la terre demandera vos membres, alors vous mettrez-vous à danser vraiment.

     

    Khalil Gibran

    Le Prophète


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  • Et une femme qui tenait un bébé contre son sein dit,

    Parle-nous des Enfants.
    Et il dit :
    Vos enfants ne sont pas vos enfants.
    Ce sont les fils et les filles du désir de Vie.
    Ils arrivent à travers vous mais non de vous.
    Et quoi qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

    Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées,
    Car ils ont leurs pensées propres.
    Vous pouvez abriter leurs corps mais non leurs âmes,
    Car leurs âmes habitent la demeure de demain que vous ne pouvez visiter même dans vos rêves.

    Vous pouvez tenter d'être comme eux, mais n'essayez pas de les rendre comme vous.
    Car la vie ne s'en retourne pas en arrière ni ne s'attarde avec hier. 
    Vous êtes les arcs qui projettent vos enfants comme des flèches vivantes.
    L'Archer voit le but sur le sentier de l'infini et Il vous tend de toute son énergie pour que les flèches puissent aller vite et loin.
    Que cette force bandée par les mains de l'Archer soit joyeuse ;
    Car s'Il aime la flèche qui vole, Il aime aussi l'arc qui est stable.

    Khalil Gibran


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